La nature prouve qu’elle nous veut du bien
puisqu’en nous donnant des larmes
elle nous donne le meilleur : la sensibilité.
Juvénal

supersensible super-héros ? refelexiongraphique O-smiley

 

Hypersensibles et si vous étiez les sages de demain ?
Alors comment être hypersensibles dans ce qui, parfois, ressemble à un monde de brute ?

Interview de Géraldyne Prévot Gigant par Déborah Donnier

Des êtres différents

Les hypersensibles culpabilisent de ne pas être comme les autres. Ces autres qui sont forts, ces autres qui parlent fort, ces autres qui font peur, ces autres qui n’ont pas peur. Les hypersensibles veulent gommer, faire disparaître leur différence. Ils ne veulent plus être qui ils sont. Ils se sentent décalés, ils ont l’impression d’avoir tout faux. D’autant que la majorité de la population semble fonctionner différemment, c’est donc qu’eux ont tort. La minorité a toujours tort.

Et si cette minorité était dans le vrai ! Et si les hypersensibles avaient une perception plus juste du monde ? Ils ressentent tout à 200 % et voient également ce que d’autres ne perçoivent pas. Cette finesse de perception est difficile à vivre dans une société telle que la nôtre. Et si les hypersensibles avaient une perception juste du monde ? Et si la majorité avait tort ?

Des âmes qui vibrent

Les hypersensibles ne sont pas forcement des êtres à l’apparence fragile. De nombreux hypersensibles se cachent derrière un corps fort ou une personnalité affirmée. Bien souvent la majorité pense que les hypersensibles sont des êtres chétifs, fragiles à la larme facile. Mais il y a beaucoup d’hypersensibles qui se cachent. Ils ont des professions artistiques, des professions de relations d’aide ou des hobbies artistiques. Et si ce n’est pas le cas, ils seront sensibles à l’art, à l’humain, à l’humanisme, à la philosophie.

Les hypersensibles rêvent d’un monde meilleur, un monde harmonieux, un monde respectueux. Ils souffrent de voir des êtres s’entretuer, ils souffrent de voir des animaux subir l’ignorance des humains, ils souffrent de voir la nature saccagée.

Leur âme vibre face à la beauté, à l’harmonie, à l’élégance, à la noblesse, au mystère… Leur âme vibre à l’idée d’un monde meilleur, un monde juste, un monde réellement humain. Un monde hyper-humaniste comme le prophétise Joel de Rosnais [1] . Ce monde de demain où règnera la participation collective à la construction d’un monde juste totalement basé sur des valeurs humanistes.

Mais pour l’instant, afin de ne plus souffrir, les hyper-sensibles vont vouloir être comme tous les autres. Et au bout du compte la souffrance sera bien plus intense. Quand nous nions qui nous sommes, quand nous n’acceptons pas qui nous sommes, nous nous éloignons de nous-même et de nos valeurs fondamentales. Alors la souffrance est plus grande.

Il y a plusieurs sortes d’hypersensibilités :

  • L’hypersensibilité de ceux qui n’ont pas fait un travail de thérapie, de ceux qui portent en eux une blessure à vif.
  • L’hypersensibilité de ceux qui ont déjà effectué le travail de psychothérapie et qui donc ont une meilleure connaissance d’eux mêmes. La conscience de soi étant plus fine et les blessures à peu près guéries, ces hypersensibles sont donc en contact avec leurs émotions et entrent en résonnance avec le monde.
  • Les empathes (Terme anglo-saxon désignant ces personnes empathiques, sensibles aux émotions des autres. Ces hyper-sensibles sont plutôt des hyper-conscients. Ils sont sensibles aux vibrations des personnes, à l’énergie des lieux, aux sons, aux images… La majeur partie du temps, les gens sont attirés par leur personnalité. Si on ne leur veut pas du mal, ils seront empathiques, généreux et compatissants. Ils ont une perception décuplée de l’environnement. Ils ont la capacité de percevoir ce que les autres ne perçoivent pas. Ils sentent très vite dans quel état d’être vous êtes et sans que vous n’ayez prononcé un mot ils auront compris que quelque chose ne va pas. Cette perception décuplée du monde leur permet de comprendre vite mais de ressentir beaucoup plus, aussi. Ils ont une soif de comprendre, d’apprendre et d’être stimulés. Ils ont une connexion toute particulière avec les animaux. Ils éprouvent une irrépressible envie d’aider les autres afin de participer à la construction d’un monde meilleur. Ils ont un fort besoin de liberté et supportent difficilement d’être entravés dans leur aspiration). Les empathes vont bien entendu préférer la compagnie des êtres hyper-sensibles et de la même sensibilité qu’eux. Ainsi ils ne connaîtront pas les états de fatigue qu’ils peuvent connaître la plupart du temps. Captant plus d’informations que la moyenne, ils fatiguent vite.

Alors comment être hypersensibles dans ce qui, parfois, ressemble à un monde de brute ?

En étant plus exigeant à propos des personnes de son entourage. À décider de qui nous entourent. En apprenant à prendre soin de soi et à ne surtout plus se forcer à être comme les autres. En acceptant d’être hypersensible, en acceptant sa différence. En comprenant que cette différence est la sagesse de demain. En comprenant que la sensibilité au monde est une force et une richesse car elle permet de voir ce que les autres ne voient pas. Elle permet de créer et d’être différent au monde.

En comprenant que l’hypersensibilité n’est pas synonyme de faiblesse mais d’une force cachée. D’une force bien plus grande qu’on ne pourrait le penser. La force des gens différents, de ceux qui savent s’émouvoir d’un coucher de soleil, de ceux qui se sentent frères des Hommes, qui se sentent cousins du monde animal, de ceux qui se sentent responsable du bien-être de la Terre. La force des êtres plus conscients que les autres. Car ce que l’on nomme hypersensibilité peut être aussi hyper-conscience.

[1] Je cherche à comprendre – Joël de Rosnais – Editions Les Liens qui Libèrent

Auteur : Géraldyne Prévot-Gigant